Bastard Coder From Hell

Je me suis souvent demandé si le fameux Bastard Operator From Hell (BOFH pour les intimes) avait son pendant chez les pisseurs de code. Si on s’appuie sur le principe d’universalisme de la conarditude : c’est quasiment certain. Pour autant la littérature scientifique est quasiment muette sur le sujet. A croire que le sujet n’intéresse pas les hommes de science. Et pourtant, il y aurait tant à dire.

Le BCFH existe, et si je l’affirme avec autant d’assurance c’est que, voyez-vous, je l’ai moi même rencontré. Bien sur je ne pourrais pas trop rentrer dans les détails, plus par peur des représailles que pour protéger son anonymat.

Le BCFH passe inaperçu pour l’écrasante majorité des gens. Au premier abord on pourrait le confondre avec un développeur affable et un peu renfermé sur lui-même. Sauf qu’il n’est pas affable pour deux sous, c’est juste une façade pour qu’on lui foute la paix. Il n’est pas non plus renfermé, c’est un asocial de premier ordre et il ne peut voir personne et encore moins en peinture.

Le BCFH n’aime qu’une chose son code. Rien n’importe plus à ses yeux que le plaisir de travailler tranquillement sur ses petits algorithmes chéris. Cependant ne faîte pas l’erreur de confondre le code avec son code. Le code c’est la corvée qui lui est infligée chaque jour ouvré par sa direction. C’est simplement alimentaire et encore. Certains jours il préférait se laisser mourir de faim plutôt que de s’abaisser à œuvrer sur de telles basses besognes.
Lui ne s’épanouit que dans les espaces éthérés de l’abstraction logicielle et pas dans le CSS branlant.

Le problème c’est que ses pervers de supérieurs n’y entendent rien aux charmes de la beauté algorithmique. Plutôt que de s’extasier quasi religieusement devant l’élégance hors norme de la solution, ils se contentent de ronchonner sur le bouton qui n’est pas de la bonne couleur. Donnez leur la Chapelle Sixtine et ils oseront râler devant le trop plein de marche pour y accéder et de l’absence de rampe pour les handicapés.

La vie du BCFH est un véritable enfer peuplé de béotiens aveugles et braillards. Pas étonnant qu’en retour il soit aigri tout au long de ses journées et qu’il ne puissent s’empêcher de faire partager sa mauvaise humeur avec ses bourreaux.

N’oublions jamais que nous sommes toujours le con de quelqu’un et il y a fort à parier que nous soyons le sien.

Pourquoi j’ai cramé mon compte Stack Overflow

Tout est dis dans le titre ou presque, j’ajouterais juste que je suis très content de l’avoir fait. Et toc …

Comme tout développeur qui fait semblant de se respecter, je m’étais créé un compte sur Stack Overflow. Pour ceux qui n’ont jamais pondu une ligne de code, ce site est la référence des questions/réponses concernant l’informatique en général et plus spécifiquement la programmation. En gros c’est un peu le Google du dev en galère qui envisage sérieusement de se taper la tête sur les murs. Le dernier réflexe avant de repeindre les claustras de l’openspace à grand coup de matière cervicale c’est d’aller faire un tour sur Stack en espérant qu’un autre dev aura eu la bonne idée de poser la bonne question. Avec un peu de chance le malheureux trouvera une bonne réponse et son calvaire s’arrêtera là. Et il coda heureux et eu tout plein de petits forks.

Diantre, mes mirettes me joueraient-elles des tours ou bien ce bougre à mit « bonne réponse » en gras. Et bien non, j’ai volontairement graissé ces deux mots. Car oui sur Stack des réponses on en trouve à la pelle, en revanche des bonnes réponses c’est aussi courant des perles dans les huîtres.
Je ferais le distinguo entre les mauvaises réponses et les mauvaises réponses.

D’un coté nous avons les types qui de toute bonne fois cherche à aider le codeur en détresse en essayant de lui donner des bons conseils. Sauf qu’il s’avère que le type en question est un noob de première classe et que ses conseils sont à balancer à la benne. Il n’en demeure pas moins que ça démarche est louable. Il est bien a coté de la plaque mais il faut lui reconnaître une part non négligeable d’altruisme.
Même en temps de guerre : on ne tire pas sur une ambulance !

D’un autre coté nous avons les rageux qui n’ont rien d’autre à foutre de leur journée que de rester coincé derrière leur écran à guetter leur future victime. A la moindre faute d’orthographe, à la moindre hésitation ou la plus petite formulation bancale, ils dégainent le lance flammes.

Voici un exemple, pour illustrer mon propos.

Moi : Je crois que tu devrais plutôt découper ta méthode et utiliser une fonction de callback.
Rageux : J’adore les commentaires qui commencent par je crois. Si t’es pas sur de ta réponse, tu dis rien et puis c’est tout.
Moi : @Rageux, putain c’est constructif comme remarque ! Tu permets que je l’encadre pour l’accrocher dans mes chiottes ? Quand j’aurais des problèmes de constipation je penserais à toi promis !

Et dire que Stack vient tout juste d’éditer une charte de bonne conduite pour promouvoir, je cite, la bienveillance à l’égard de ceux qui posent des questions et in extenso de ceux qui cherchent à les aider. L’exemple ci dessus est un bon exemple du bon esprit qui règne sur ce site.
Un petit message en aparté pour le rageux en question : j’espère que tu pèses plus de cinquante kilos tout mouillé car si tu avais été dans le même bureau que moi s’aurait été sportif et tu aurais ramassé tes dents avec une serpillière.

Il faut croire que cet appel au civisme et à l’intelligence n’a pas été entendu de tous. Ou alors certains sont suffisamment con pour ne pas avoir compris.

Passer son temps à se faire insulter et rendre la même politesse, c’est un peu usant et surtout cela ne m’amuse pas du tout. Surtout qu’à la base, je venais pour essayer de donner un coup de patte à des petits jeunots en galère. On ne m’y reprendra pas de si tôt.

Chao, Slack et bon vent les rageux. Je crame mon compte.

À la Une

Les gilets jaunes du code

Après la mode des bonnets rouges la tendance est désormais aux gilets jaunes. Encore un fois le bon gout n’est toujours pas au rendez-vous. On croirait que la publicité de Karl Lagerfeld en faveur de la sécurité routière à fait d’un seul coup une pléiade d’émules. De têtes de mules aussi.

Une nouvel fois le français, fidèle à lui même, pousse sa gueulante car il s’est fait touché de plein fouet là où sa fait mal. Je parle bien sur du portefeuille et non du cœur vous l’aurez bien compris. Que nos chers dirigeants s’acoquinent avec les pires dictateurs du planisphère ou qu’ils soutiennent de doux génocides passe encore mais qu’on ne touche pas aux petits sous des mangeurs de grenouilles.

Qu’il fasse une nouvelle taxe pour secouer la basse court est un vaste sujet à débat. Les quelques lignes du dessus vous donne les grandes lignes de ma pensé sur le sujet. On ne va pas argumenter là dessus d’avantage.
Pour faire court : la populace à compris qu’on l’avait prise pour une vache à lait et elle est tellement fumasse qu’elle réclame des têtes au bout d’une pique. La manie de jouer aux apéricubes avec les aristocrates ne date pas d’hier.

Bref encore, la France c’est devenu le foutoir. Les gilets jaunes bloquent les routes, les accès aux supermarchés au dépôts de carburants et patin couffin. A bien y regarder c’est toujours les même qu’on retrouve sur le devant des barricades avec sans cesse les mêmes modes d’action et les mêmes revendications. Il n’y a que le costume qui change, la scène est strictement la même.
Et si pour une fois on essayait de changer un peu la donne. Les temps changent et pourtant les méthodes de revendication restent toujours les mêmes. Et si on passait un peu à l’ère du numérique. Attention, quand je pense à ça je ne veux absolument pas parler du slacktiviste1 tranquillement planqué derrière son mur facebook. Imaginons un peu que les devs se décident aussi à faire acte de nuisance.

On va pas descendre dans la rue en essayant de casser du CRS à coup de clavier. Ce serait largement plus ridicule qu’efficace mais si on essayait le blocage numérique. Les zigotos en jaunes bloques les chemins d’accès et bien on à qu’a faire la même chose avec les autoroutes numériques. Et si on bloquait les réseaux à grand coup de DDOS bien senti et d’autres joyeusetés dans le style. Coupons Twitter, juste pour quelques jours. Rien que pour voir la tête de tout les élus qui ne vont plus pouvoir s’épancher sur les comptes.
– Mon dieu on ne peut même plus gazouiller tranquillement dans l’hémicycle. Le réseau wifi doit faire des siennes.
– Mais non mon gars, c’est juste que maintenant tu vas devoir te sortir les doigts et commencer un peu à bosser. Tu te souviens que tu as été élu pour représenter du monde. Et bien c’est le moment de s’y mettre. Et puis aussi tant que tu y es si tu levais les yeux de ton smartphone pour voir à quoi elle ressemble la vrai France ce serait déjà pas trop mal.

Je dis ça mais je dis rien, enfin surtout si il y a des sysadmin qui bossent pas loin de l’assemblé.


1- Mot valise composé des termes anglais chausson et activiste

Les devs vus par les sysadmins

  • Il faudrait que tu montes la version de PHP et tu pourrais pas aussi installer une nouvelle instance d’Elastic Search, un Redis, et aussi un …
  • Et tu voudrais pas non plus que je te passe le mot de passe root t’en qu’à faire ?

Pour de nombreux sysadmins les devs sont un mal incurable. Après avoir passé des heures à monter un serveur aux petits oignons : la machine tourne comme une horloge suisse, la documentation a été rédigée en cursive sur du papier vélin. Ce n’est pas simplement du beau travail c’est tout humblement un chef d’oeuvre : le genre d’installation que l’on exposera un jour dans les manuels à destination des générations à venir. Et là juste au moment de refermer à double tour la porte de la salle serveur qu’une présence se fait sentir dans son dos.

Pas besoin de se retourner pour savoir que la dite présence à un t-shirt de geek a l’humour douteux, quelques litres de boisson énergisante dans les veinules pour faire passer les tumultes de la veilles et une paire d’yeux avides planqués derrière ses lunettes. Le sysadmin transpire à grosses gouttes, il devine que la silhouette à le doigt levé et qu’elle souhaite hardiment déposer sa requête. Ne surtout pas se retourner, faire comme si de rien n’était, trouver une sortie de secours.

Trop tard.

La suite de l’histoire vous la devinez sans peine. Le vilain scribouilleur de code va encore faire une demande ahurissante. Il va falloir monter ou descendre la version de la base de données comme si c’était un simple ascenseur. Bah non mon pote, il s’agit pas simplement d’appuyer sur un bouton pour que la magie opère.
Installer une nouvelle librairie. Bien sur, je n’ai que cela a foutre. Tu sais que je ne travaille rien que pour toi mon petit dev. Depuis le temps que je rêvais de te déclarer ma flamme : ce moment est enfin venu. Non et puis installer une nouvelle librairie ça ne risque surtout pas de créer des conflits partout dans mon installe.

Le dev ne bouge pas d’un pouce, un sourire idiot vissé aux lèvres, son calepin plein de vœux au Père Noël pendant au bout de son bras.

Et man, tu trouves vraiment que je ressemble à une baudruche rouge barbue ?
Yo mec, t’es sérieux vraiment ? D’où est ce que tu crois que je vais vraiment donner suite à tes demandes ?

Le dev ne bouge pas d’un pouce, fixant toujours sur le pauvre sysadmin sont regard de chien battu.

Ne pas céder. Rester fort. Je suis un brave un dur, un vrai. Tu pourras me fixer dans le blanc des mirettes jusqu’à la fin des temps que cela ne changera rien. C’est non et c’est pas la peine d’insister. Tu sais mes parents avaient un épagneul breton quand j’étais jeune alors je te le dis tout de suite : le regarde de cabot maltraité ça ne marchera pas.

Bon allez balance la ta demande, je vais voir ce que je peux faire.


Untitled-317.JPG by Brady Hsu – CC BY-SA